Argumentaire
Au croisement du discours scientifique et du discours littéraire, le sain et le pathologique en littérature permet de s’intéresser au triple aspect de ce couple antithétique.
Au sens médical, le « pathologique » renvoie à l’imaginaire de la maladie, ses représentations et ses interprétations dans la fiction, chaque siècle véhiculant, à travers certains maux physiques et/ou psychologiques, ses peurs et ses fantasmes. On peut ainsi s’interroger sur la représentation et le sens, dans les œuvres littéraires, de certaines maladies emblématiques : peste, folie, mélancolie, syphilis, hystérie, jusqu’au sida du XXe siècle.
À ce couple médical peut se superposer une interprétation axiologique, articulant autour du pathologique les notions de malsain, de déviant, de marginal, le « sain » s’assimilant dès lors à un discours dominant volontairement clivant (on songe par exemple à l’art « dégénéré » du XXe siècle). Dans quelle mesure la littérature participe-t-elle à cette démarche d’établissement ou au contraire de remise en cause de telles normes ?
Enfin, aux couples sain-malade et normal-déviant peut s’ajouter in fine un jugement de valeur esthétique : si l’on fait du pathologique le synonyme de laideur, de difformité, d’étrangeté, quel serait son apport esthétique dans la forme littéraire ?
